Au-delà des stages ...

                    Une Sangha pour le Tantra 

Cela fait maintenant près de 25 ans que j'ai la chance et le bonheur d'animer des stages de Tantra. Au fil de ces années et de plusieurs centaines de stages, j'ai été le témoin émerveillé de tant d'ouvertures, de prises de conscience, de rencontres, de beauté… J'ai aussi vu la difficulté pour de nombreux participants à approfondir, ou même à conserver, le bénéfice des stages une fois revenus à leur vie quotidienne, et je connais cela aussi à titre personnel !

Nous sommes tous immergés dans une société dont les valeurs et les modes de fonctionnement sont très éloignés, voire opposés, à ceux du Tantra. En plus nous sommes littéralement assaillis par une masse gigantesque d'informations et d'images, souvent négatives, venues de toute la planète et auxquelles il est difficile de se soustraire.

Pour toutes ces raisons, cela fait longtemps que je réfléchis à « un au-delà des stages », qui pourrait prendre la forme d'un lieu communautaire ou semi-communautaire, entièrement dédié à la pratique du Tantra et de la méditation.Il existe en France beaucoup de lieux de stages, qui accueillent entre autre des groupes de Tantra, mais il n'existe pas à ma connaissance un endroit uniquement dédié à cette pratique et qui aille au-delà du simple accueil des stages.

Pour avoir séjourné pendant plusieurs années dans l'ashram d'Osho en Inde, j'ai pu expérimenter la valeur et l'importance de la répétition de pratiques au quotidien et dans un environnement qui leur donne le support nécessaire. Si l'on approfondit un chemin comme celui du Tantra, on est nécessairement amené à vivre des moments de grande ouverture et même de fragilité, de remise en question où la présence de personnes compréhensives et engagées sur un chemin similaire est extrêmement importante, voire indispensable. Tout comme est précieux le côtoiement avec des « anciens », c’est-à-dire des personnes qui ont approfondi considérablement ce chemin et qui sont capables d’être là et de tendre une main au moment opportun.

Dans les traditions spirituelles de l'Orient, en particulier bouddhistes, un nom existe pour désigner cela : la Sangha. Ce mot désigne l'ensemble des pratiquants d'une voie spirituelle, réunis par un sens d'appartenance à ce chemin. Les membres de la Sangha ne vivent pas forcément tout le temps ensemble. Généralement, un noyau de personnes particulièrement motivées se retrouve autour d'un enseignant spirituel ou l'un de ses représentants, dans un lieu propice au travail intérieur (calme, relatif isolement, capacité d'accueil...). Ce lieu sert de référence pour les autres personnes de la Sangha qui peuvent venir s'y ressourcer de temps à autre, selon leur besoin et leur disponibilité. A un niveau subtil, l'existence même de « ce noyau central » permet à tous les membres de la Sangha de bénéficier d'une forme permanente de nourriture spirituelle.

J'ai eu la grâce immense d'avoir été initié directement par Osho dans la voie spirituelle du néo-sannyas en février 1980, et d'avoir été nourri pendant de nombreuses années aussi bien par le rapport au maître que par l'existence de sa communauté. Osho a quitté son corps le 19 janvier 1990, et de plus en plus rares sont ceux qui l'ont connu directement. La communauté des sannyas, ses disciples, est actuellement très dispersée au niveau mondial, et en France même quasiment inexistante. Je me pose avec acuité la question de quel sens pourrait avoir une initiation tantrique aujourd'hui et comment pourrait se créer une Sangha du Tantra.

Je me me demande aussi quel rôle je pourrais jouer dans cette création…J'ai revu il y a quelques jours le film « Conversations avec Dieu » qui retrace la vie et l'œuvre de Neale Donald Walsch - l'auteur de ces fameuses conversations - et une chose m'a particulièrement touché : Au cours d'une conférence publique, une personne critique vigoureusement Neale sur certains aspects de sa vie privée dans le passé, et par conséquent sur la valeur même des enseignements qu'il transmet. Neale reçoit et écoute avec attention cette critique, prends le temps de s'intérioriser, et répond qu'il est profondément conscient des insuffisances du messager, mais que cela n'enlève rien à la portée du message lui-même.

Je me sens un peu dans la même situation : trés conscient de mes limites, et en même temps émerveillé par tous les trésors que l'existence a déposés en moi, et continue à le faire chaque jour. Le départ dans l'au-delà de mon ami Sudheer il y a quelques semaines, tout autant que certaines fragilités dans mon corps physique, me rappellent que je ne suis là que pour une durée limitée...

Comment utiliser au mieux le temps qu'il me reste dans cette incarnation, et en particulier comment transmettre vers les jeunes générations ces trésors du Tantra ainsi que de la méditation ?

Un grand merci à toutes celles et tous ceux qui se sentent intéressés ou touchés par ce projet, et voudront bien me faire part de leurs réflexions, ainsi que de leur disponibilité éventuelle pour participer à cette aventure, "la saga de la sangha"....

Chetan, le 15/12/2015