" La Saga du Tantra "

        " Sur le chemin du Tantra, avec Osho et ses disciples "

 

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Livre en cours d'écriture par Chetan, afin de témoigner de plus de 40 ans d'exploration du Tantra...

Extrait No 3 : " l'ouverture au Sannyas "

Un jour où j’étais présent au discours de Bhagwan - je comprenais un peu mieux l’anglais, et sans doute étais-je plus sensible à sa présence - je fus extrêmement touché. A nouveau j’avais cette forte sensation que sa voix n’exprimait pas quelque chose d’extérieur à moi, mais était comme ma voix la plus intérieure, reflétée et amplifiée par une source d'une infinie sagesse. A la fin de son discours, comme il saluait gracieusement l’assistance, quelque chose se passa en moi que je n’avais jamais expérimenté auparavant : Un réel silence, comme si le tourbillon de mes pensées s’était entiérement calmé et les vagues déchaînées de mon mental étaient devenues extrêmement paisibles, telle la surface d’un lac. Dans cet état intérieur, je le vis saluer et s’apprêter à monter dans la voiture qui allait le ramener à sa maison.

A ce moment-là, je vis que cet homme était complètement lumineux ; je pouvais presque sentir une aura blanche, très vaste, émaner de lui. Une très grande paix, une immense harmonie se dégageaient de tout son être ; chacun de ses pas, chacun de ses gestes ressemblait à une danse.Et je réalisais aussi que la voiture dans laquelle il allait rentrer était parfaitement belle, avec des lignes de couleur blanche d’une grande pureté.

Soudain, mon mental critique miraculeusement calmé, je perçus la parfaite correspondance entre cet être et son véhicule. Je me rappelai que j’avais lu quelques jours auparavant un discours de Bhagwan où il disait à peu près ceci : « Je suis pour toutes les richesses, intérieures et extérieures, matérielles et spirituelles. Je souhaite que l’Occident, dans ce qu’il apporte de meilleur - la science, la technologie, l’abondance matérielle - et l’Orient, aussi dans ce qu’il apporte de meilleur - la méditation, le silence intérieur, la connaissance profonde de soi - se réunifient ; cela seul peut sauver le monde, cela seul peut permettre de créer un paradis ici et maintenant ».

Je compris en une fraction de seconde que ce que Bhagwan enseignait, il le vivait. Ce n’était pas du tout un homme qui prêchait des choses traditionnelles, comme j’avais pu le lire dans les ouvrages de certains auteurs chrétiens par exemple, enseignant que la pauvreté est une manifestation de la spiritualité. Bhagwan disait au contraire que la pauvreté est une forme de maladie qui doit complètement disparaître de la surface de la terre, que maintenant nous disposons des moyens et de la technologie nécessaires pour cela, et que pour y arriver il fallait que la conscience augmente un peu plus rapidement que ne croissait la technologie. Le progrés technologique animé par une conscience élevée pouvait constituer une bénédiction pour nous tous.

Instantanément je réalisai que Bhagwan incarnait ce qu’il enseignait ; et qu’effectivement il y avait une profonde harmonie entre la beauté de sa présence et de ses gestes, et cette magnifique voiture qui roulait de façon presque totalement silencieuse. Je vis que les deux étaient parfaitement accordés et je sentis une profonde unité entre l'enseignement de Bhagwan et son mode de vie. Je compris que mes jugements ne venaient que de ma propre vision partielle et fragmentée de la réalité, contaminée par d’autres enseignements que j’avais subis plus que choisis auparavant, et avec lesquels je n’étais pas profondément en accord.

Cette vision d’un être humain unifié, qui apprécie les bonnes choses de la vie en même temps qu’il s’élève spirituellement, me convenait parfaitement. Il est vrai que j’avais toujours soupçonné d’hypocrisie les personnes qui prêchaient la pauvreté comme un mode de vie, et je savais qu’historiquement les dignitaires de l’Église avaient bénéficié d’une immense richesse. Je me rappelais avoir lu une étude qui disait que l’église catholique, malgré ses discours prisant la pauvreté, était la plus grande fortune privée au monde. Par contraste, je réalisais que Bhagwan était profondément authentique, qu’il ne disait pas une chose en en vivant une autre, mais que ce qu’il disait et ce qu’il vivait était en parfait alignement…

Il se fit soudain en moi un renversement et je sentis l’inanité de toutes mes critiques, ou plutôt je les perçus comme parlant de moi-même et pas du tout de Bhagwan, exprimant mon propre esprit divisé, peut-être même ma jalousie inconsciente par rapport à un mode de vie très confortable, plein d’harmonie et de beauté, auquel j'aspirais sans y être encore parvenu.

En sortant du Bouddha Hall, je me sentis très troublé, avec l’impression que quelque chose de nouveau essayait d’émerger en moi, de naître. J’appelai un rickshaw et demandai à regagner mon hôtel.

Arrivé dans ma chambre, je me mis à pleurer toutes les larmes de mon corps ; ce n’étaient pas des larmes de tristesse, mais plutôt un fardeau qui me quittait. A ce moment-là, en très peu de temps, je revis quasiment tout le film de ma vie se dérouler à l’intérieur de moi. J’avais déjà lu que des noyés ou des personnes qui font une chute en altitude revoient ainsi le film de leur vie en une fraction de seconde. J’avais l’impression que c’était la même chose qui m’arrivait ; je revoyais toutes les circonstances de ma vie, mes guides, Maurice, Yvette, et la communauté de jeunes de mon lycée ; ainsi que mes débuts en Yoga, mes stages de thérapie, et la plupart des femmes que j’avais rencontrées. Tout ce qui était important revenait ; et il me semblait que tous ces moments décisifs, ces rencontres marquantes, m’avaient guidé vers ce seul instant, qui était celui de ma renaissance.

Il me sembla évident que non seulement j’allais demander Sannyas, mais que j’étais déjà un Sannyasin ; que j’étais partie prenante de cette communauté et que depuis trois semaines que j’étais arrivé, je me débattais contre une évidence que j’avais sentie dès le premier instant où j’avais franchi les portes de l’Ashram : C’était « my home », ma maison, j’y avais pleinement ma place, et c’est là que je pourrais le mieux grandir et développer tout mon potentiel.